Geschwister Pfister

Geschwister Pfister
© BAK / Charlotte Krieger

Geschwister Pfister

Cabaret musical perfectionné

Prix suisse des arts de la scène 2022

Cela fait plus de trente ans que la fratrie Pfister est parmi nous. Entièrement consacrée au divertissement musical, cette famille américano-suisse fictive a été fondée au début des années 90 par Christoph Marti, Tobias Bonn, Max Gertsch (sous le nom de Willy Pfister) et Lilian Naef (sous le nom de Lilo Pfister), qui s’étaient rencontrés à l’École de théâtre de Berne (désormais Haute école des arts de Berne). Depuis 1995, le noyau dur de la fratrie est constitué de Christoph Marti (alias Ursli Pfister, né en 1965 à Berne), Tobias Bonn (alias Toni Pfister, né en 1964 à Bonn) et Andreja Schneider (alias Mademoiselle Schneider, née en 1964 à Zagreb). Leurs cabarets musicaux sont accompagnés en live par le Jo Roloff Quartett. La plupart du temps, c’est le Bar jeder Vernunft, un club berlinois, qui accueille chaque première du spectacle, suite à quoi le collectif entame de longues tournées à travers tout l’espace germanophone. Les Pfister ont notamment reçu le prix Salzburger Stier en 1993 et le Prix Walo en 1995.

Depuis plus de trente ans, les frères et sœurs Pfister présentent des spectacles perfectionnés qui sont plus que du cabaret musical : stylistiquement, le collectif aime jouer sur l’exagération, sans pour autant se moquer de la branche du spectacle. En plus des pièces réalisées sous le label Pfister, comme « Melodien fürs Gemüt » (1991), « Die Geschwister Pfister in der Klinik » (2009) ou « Ursli & Toni Pfister als Cindy & Bert » (2019), les membres du groupe se produisent sous le nom de Pfisters zu Gast dans bon nombre d’autres créations. Ainsi, Christoph Marti a notamment collaboré avec le théâtre municipal de Berne dans « Coco − ein Transgendermusical » (2018), qui lui a valu, pour son rôle de Gilette, le Deutsche Musical Theater Preis. Par ailleurs, Tobias Bonn et Christoph Marti ont souvent partagé la scène dans le cadre de mises en scène ponctuelles, comme par exemple récemment, en 2020, « Mord im Orientexpress » à Berlin et « Paradise City » à Berne. En décembre 2022, le scintillant chapiteau à miroirs du Bar jeder Vernunft de Berlin a accueilli la première du tout dernier spectacle de la famille Pfister : « Relaxez-vous ! ».

Pendant un spectacle de la fratrie Pfister, le public ne se contente pas de regarder : nos professionnels du divertissement jouent, chantent et dansent avec toute leur âme, à en perdre haleine, mais il n’est pas rare que les spectatrices et spectateurs, empreints de délectation et de volupté, soient eux-mêmes entraînés dans de folles danses bras dessus, bras dessous. Fréquemment, le tout est arrosé de mélodies pop mélo, de tubes d’opérette, dont le caractère artificiel se transforme, au travers de l’interprétation à la fois précise et pleine d’humour du collectif, en un divertissement jouissif qui coule de source. Les Pfister taquinent nos rêves avec une telle virtuosité, interprètent leurs rôles avec une si grande tendresse que personne ne peut y résister. Une chose est certaine : on ne ressort pas d’une de leurs soirées sans une bonne dose de nostalgie collée à la peau − si bien collée, peut-être, qu’on devient accro à la fratrie Pfister.

Barbara Anderhub, membre du jury