Pilvi Takala. Close Watch
Ce catalogue d’art peu épais, au format typique des monographies Phaidon, cultive un aspect bureaucratique en accord avec son sujet : l’univers d’une entreprise de sécurité privée. Pour ce projet artistique, la finlandaise Pilvi Takala s’était fait embaucher comme vigile dans un centre commercial. Les six mois passés au sein de l’équipe de sécurité ont fourni la matière d’une installation vidéo créée pour la Biennale de Venise. L’ouvrage, relié à la suisse, fait penser à une liasse de documents rassemblés dans une chemise en carton : on y trouve pêle-mêle des formulaires, des lettres, des fiches de paie, des notes de terrain de l’artiste ainsi que de nombreuses photographies. Cadrées serrées et imprimées à fond perdu, ces dernières donnent à voir le quotidien des agents, leur environnement de travail, leurs conversations. Tous les textes de l’artiste, le plus souvent présentés dans une grille à trois colonnes, sont composés dans la même police et la taille des caractères ne change pas. Les divers documents sont reproduits en fac-similé et parfois également retranscrits. Le graphisme conserve l’atmosphère austère, voire glaciale, de cet univers, et c’est un choix courageux. L’esthétique de la violence institutionnalisée et de ses dimensions performatives est très bien mise en valeur. La sobriété de la proposition graphique rend la problématique accessible tout en rappelant sa gravité – certaines scènes exposent notamment des cas d’abus de pouvoir.
