Fredi M. Murer : un enchanteur et une figure incontournable du cinéma suisse
Lorsque, périodiquement, des critiques votent pour désigner le meilleur film suisse de tous les temps, « L’Âme sœur » apparaît très régulièrement en tête du classement. Les spécialistes regardent ce film comme un événement cinématographique de portée nationale, comme une œuvre de la dimension d’une tragédie grecque, qui semble ne pas devoir vieillir.
Fredi M. Murer est une figure incontournable du cinéma suisse, un artisan du film de l’ère analogique. Ce documentariste à la veine fictionnelle, ou cet auteur de fictions à la veine documentaire, est un véritable ethnologue qui se penche sur son propre pays. Fredi M. Murer a été marqué par le monde de la montagne, sa mystique et sa magie. Il nous a enchantés par ses films, mais il a aussi enchanté le public international et les spectateurs massés sur la Piazza Grande de Locarno, lorsqu’il a reçu, en été 2019, un Léopard d’honneur pour sa carrière.
Après une enfance passée dans une fratrie de six enfants dans le canton de Nidwald, puis à Altdorf, dans le canton voisin d’Uri, Fredi M. Murer entre à l’École des arts appliqués de Zurich, puis il se lance dans le cinéma expérimental, avec l’ambition de réinventer le 7e art. Il est profondément marqué par l’esprit de renouveau qui règne alors dans un monde du cinéma où l’on peut encore trouver ses repères et qui foisonne d’autodidactes. À propos de ses débuts à l’âge de 22 ans, il dit de lui-même qu’il était un « dilettante heureux ». Ses premiers essais seront suivis de nombreux films de fiction et documentaires. À l’âge de 75 ans, il décide que son œuvre est achevée. Depuis lors, il s’active avec vivacité dans son atelier en attique au cœur de Zurich, archivant ses films et ses nombreux dessins et carnets d’esquisses, sa seconde passion.
Fredi M. Murer n’a jamais hésité à être critique, y compris sur la politique d’encouragement du cinéma. Il estime qu’aujourd’hui on accorde une trop grande place aux conventions régissant les scénarios, au lieu de faire confiance aux réalisateurs expérimentés. Il a renoncé pour cette raison à tourner de nouveaux films. Fredi M. Murer a longtemps présidé l’Association suisse des réalisatrices et réalisateurs de films ; il a ensuite été le premier président de l’Académie du cinéma suisse.