La compagnie Tanztheater Dritter Frühling interprète la pièce « Moebius Strip » de Gilles Jobin
Depuis plus de 20 ans, la compagnie zurichoise Tanztheater Dritter Frühling (TT3F) produit des pièces de danse théâtrale avec des personnes de plus de 60 ans, sous la direction artistique de Roger Nydegger. Elle prépare depuis le printemps 2020 une adaptation de « Moebius Strip », une pièce majeure du célèbre chorégraphe genevois – maintes fois primé – Gilles Jobin. Jean-Pierre Bonomo, qui a longtemps dansé aux côtés de Gilles Jobin, est responsable de la transmission de l’œuvre. Il en donne, en étroite collaboration avec Angelika Ächter (assistance) et Roger Nydegger (direction générale), et avec les hommes et les femmes du TT3F, une nouvelle interprétation qui a ravi Gilles Jobin tout comme le public présent aux cinq représentations organisées en septembre 2020 au Kulturmarkt de Zurich. Avec des précautions particulières, les répétitions et les représentations ont pu avoir lieu malgré la pandémie du coronavirus. Créée en 2001, cette pièce, qui fascine par sa rigueur géométrique, est une métaphore parfaite de la situation actuelle : se mouvant sur une scène étroitement quadrillée, les danseurs évoluent à distance les uns des autres. Ces « restrictions » les obligent à explorer de nouvelles formes d’interaction, et ce n’est que tous ensemble qu’ils parviennent à créer une harmonie. Avec le soutien de l’OFC, le TT3F prévoit de réaliser pour la première fois une tournée en dehors des cantons alémaniques, dès que la situation le permettra.
Art, culture et société. Un livre sur la compagnie MOPS_DanceSyndrome
MOPS_DanceSyndrome est une école et une compagnie de danse basée à Locarno composée uniquement de danseurs atteints du Syndrome de Down. Fondée par la chorégraphe et artiste suisse Ela Franscella, cette compagnie unique en Europe a produit onze chorégraphies et quatre courts métrages de vidéo art. Le groupe est invité dans des festivals internationaux en Suisse et à l’étranger; il se produit non seulement dans les théâtres, mais aussi dans les musées, les cliniques, les EMS et les écoles publiques. En 2012, la RSI lui a consacré un long documentaire intitulé La danza dei Mops. En 2018, le travail de Ela Franscella a été récompensé par le Prix Pro Ticino. Un livre rédigé en italien et paru en 2020 brosse un portrait complet de la MOPS_DanceSyndrome et propose une analyse théorique de ses méthodes et de ses approches artistiques et pédagogiques. Réalisé en collaboration avec l’Université de Turin (DAMS-Discipline des arts, de la musique et des arts de la scène), ce livre enrichi d’images et de documents se base sur les contributions scientifiques de chercheurs spécialisés dans le monde de la danse. Afin de promouvoir cet exemple de culture inclusive au-delà de l’espace italophone, le livre sera traduit dans d’autres langues.
Peu de gens savent qu’il existait déjà une compagnie de danse contemporaine au Tessin au début des années 1980. Il s’agit de la compagnie Progetto Danza, fondée par le danseur, chorégraphe et pédagogue Claudio Schott (*1948). C’est après avoir lu le livre d’Anne Davier et d’Annie Suquet « La danse contemporaine en Suisse », publié en 2016, que la danseuse et chercheuse tessinoise Katja Vaghi s’est intéressée à l’histoire de la danse au Tessin. Ses premières recherches se concentrent sur la figure de Claudio Schott, personnage emblématique de la danse moderne et contemporaine au Tessin. L’objectif est de mettre en lumière les conséquences des intenses activités liées à la danse qui se sont déroulées dans la région au début du XXe siècle, lorsque Rudolf Laban et Mary Wigman expérimentaient la danse expressionniste sur le Monte Verità ou que Charlotte Bara se produisait dans son propre théâtre, le Teatro San Materno. Avec le soutien de l’Académie Dimitri, Katja Vaghi veut replacer la figure de Claudio Schott dans son contexte historique et la situer dans la scène théâtrale de l’époque, qui a vu naître des groupes tels que le Teatro Pan (1977), le Teatro delle Radici (1980) et le Teatro Sunil (1983). La forme sous laquelle seront publiés les résultats de ses recherches n’est pas encore définie. L’idée est toutefois de les rendre accessibles à un public assez large.