Née en 1980 à Lugano, Tanya Beyeler a grandi au Tessin avant de s’établir dès 2010 en Espagne, où elle a fondé la compagnie de théâtre contemporain El Conde de Torrefiel avec son partenaire Pablo Gisbert. Après une formation initiale de comédienne, elle s’est rapidement tournée vers la performance et la dance. Elle a travaillé entre autres avec La Ribot, Xavier le Roy et Romeo Castellucci. Actuellement, à côté du travail avec Pablo Gisbert, elle participe à des projets de danse en tant que dramaturge, notamment dans plusieurs travaux de la Suissesse Eugénie Rebetez. La compagnie El Conde de Torrefiel, basée à Barcelone, s’est rapidement fait un nom au niveau international grâce à une esthétique visuellement forte, alliant chorégraphie, texte et arts visuels. Elle se produit souvent non seulement en Espagne, mais aussi en Suisse romande et alémanique. Coproduite au niveau international, la compagnie est souvent l’hôte de festivals ou de lieux renommés comme le Kunstenfestivaldesarts à Bruxelles, le Steirische Herbste à Graz et le Centre Pompidou à Paris.
Sa première œuvre s’intitule La historia del rey vencido por el aburrimiento (L’histoire du roi vaincu par l’ennui, 2010). Elle montre – à l’instar du nom de la compagnie – comment Tanya Beyeler joue avec les relations entre rationalité et sens de la langue. D’autres titres parmi ceux des neuf œuvres créées à ce jour sont également longs, par exemple Escenas para una conversación después del visionado de una película de Michael Haneke (Scènes pour une conversation après le visionnage d’un film de Michael Haneke, 2011), qui inspire immédiatement toute une série de réflexions. Dans ses dernières œuvres, comme Guerilla (2016) ou La Plaza (2018), le duo traite d’actualités à la fois personnelles et politiques. Dans Los Protagonistas ( 2020), Tanya Beyeler et Pablo Gisbert s’adressent pour la première fois à un jeune public. Ultraficción (2021) sera présenté au printemps 2022 aux Wiener Festwochen.
Luganaise de naissance, cosmopolite d’adoption, Tanya Beyeler a su développer au cours de la décennie écoulée une esthétique très particulière, capable de lier théâtre, chorégraphie, littérature et arts plastiques dans une narration scénique déroutante. Ses œuvres – créées à quatre mains avec Paolo Gisbert sous le nom de El Conde de Torrefiel – remettent en question les paradigmes mêmes de notre époque, interrogeant la relation entre l’intime et le politique, à cheval entre la liberté individuelle et la responsabilité collective. Dans une profonde métaphysique de l’image, la poétique de Tanya Beyeler nous invite à construire des sens et des significations, faisant de la scène un miroir de notre époque et de la société dans laquelle nous vivons.